Lettre de l’Institut Veblen (septembre 2012)

Bruno Théret, Jérôme Blanc, Marie Fare, Wojtek Kalinowski, setembro 2012

Download : PDF (560 KiB)

Resumo :

Editorial

Transformations monétaires

Par Jérôme Blanc*

La monnaie est-elle l’affaire du souverain ? Il y a maintenant vingt ans, la désagrégation de l’empire soviétique et de la Yougoslavie semblait valider cette idée très commune, les républiques nouvellement indépendantes établissant rapidement leur propre monnaie. Dix ans plus tard, l’avènement de l’euro la nuançait fortement : un Etat pouvait aussi décider d’abandonner cette marque centrale de sa souveraineté au profit d’une entité supranationale. Les débats qui agitaient alors l’Amérique latine sur l’opportunité de leur dollarisation intégrale renforçaient ce sentiment. D’aucuns pensaient que ces unions seraient irréversibles.

Le grand soir monétaire n’a pas eu lieu en Amérique latine et le petit matin de l’euro ressemble à une gueule de bois. La sortie de la Grèce n’a jamais semblé aussi probable, laissant craindre un effet de domino conduisant à une désagrégation de la zone dans son ensemble. Recul pris, ces dynamiques souveraines des espaces monétaires ne disent rien d’autre au plan historique que l’absence d’irréversibilité des unions monétaires et le caractère provisoire de tout arrangement institutionnel.

Mais la monnaie est-elle seulement l’affaire du souverain ? Une optique anthropologique et philosophique permet de préciser que c’est l’affaire d’une souveraineté qui n’est pas à confondre avec le souverain – d’autant plus si le souverain n’est pensé qu’au singulier. Plus précisément, ces trente dernières années ont connu l’émergence de dynamiques monétaires nouvel-les qui renvoient pour certaines à la société civile et pour d’autres au monde marchand.

La sortie de crise de la zone euro pourrait passer, par ailleurs, par une organisation monétaire plus fédérale incluant différentes monnaies « rehiérarchisées »

Ce numéro de la Lettre Veblen se fait l’écho des interrogations et des pistes qu’ouvre la reconnaissance de la pluralité des monnaies — celle qui est possible et celle qui est déjà sous nos yeux.

* Maître de conférences HDR, UMR Triangle / Université Lumière Lyon 2, secrétaire de l’Institut Veblen.

Fontes :

Institut Veblen www.veblen-institute.org/

Veja também