Mais où va l’argent?
Marie-Louise Duboin , Préface de René Passet, Editions du Sextant, Paris, France, abril 2007
Préfacée par René Passet, qui souligne l’intérêt des questions qui y sont soulevées, Marie-Louise Duboin expose d’abord simplement dans cet ouvrage (publié aux éditions du Sextant) [1] la réalité de la monnaie actuelle. Constituée pour environ 15 % de monnaie « légale » (pièces et billets), notre monnaie est essentiellement une monnaie de dette, créée dans le but de rapporter des intérêts aux institutions de crédit. Outre ces intérêts, ces institutions, qui sont toutes privées, en tirent le pouvoir énorme de faire les choix essentiels qui déterminent l’avenir économique. Cette atteinte à la démocratie, qui prive ainsi les élus de tout pouvoir sur l’économie, est renforcée du fait que les États se sont interdit à eux-mêmes ce privilège de création monétaire, et les conduit à verser maintenant au privé, au titre du service de la Dette, une rente, payée par les contribuables, dont le montant atteint en France la totalité de l’impôt sur le revenu.
Le deuxième chapitre rappelle les grandes lignes de l’histoire de la monnaie et montre l’importance de la révolution libérale qui s’est produite dans le monde au début des années 1980. Le chapitre suivant, après avoir évoqué les grands théories monétaires, amène à réfléchir à la réalité des fonctions classiques de la monnaie et à ses fonctions réelles, aujourd’hui.
La seconde partie du livre aborde les relations entre la monnaie et la société : la notion de valeur, la transformation de l’échange au cours de l’Histoire, l’exploitation financière du risque. Et la réaction spontanée des populations qui, en période de crise, créent des monnaies parallèles qui leur permettent de survivre par solidarité, de préférer celle-ci à la rivalité. La troisième partie incite à aller plus loin que ces monnaies locales, en présentant des propositions qui permettraient une véritable libération de l’obsession monétaire, de remettre l’économie à sa place, celle de l’intendance, au service du développement humain et dans le respect de l’environnement. Il s’agit donc d’inventer la démocratie en économie. Bien que les questions monétaires soient trop souvent, et a priori, réputées complexes, donc réservées à des spécialistes, le style du livre les rend très abordables. Et l’originalité des propositions devrait attirer l’attention : elles méritent qu’on y réfléchisse sérieusement.