Quels horizons pour la bio : certification institutionnelle ou/et Système Participatif de Garantie (SPG) ?
Tomas Regazzola, décembre 2017
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Résumé :
En France, des pédologues, des agronomes, médecins, naturopathes ont contesté, très tôt, le choix de faire de l’agriculture une activité exportatrice. Ils ont perçu de quelle façon la désagrégation du corps social paysan par l’expulsion des vieux (indemnité de départ), l’artificialisant du milieu (remembrement), du sol (fertilisants et pesticides), entraînerait les agriculteurs dans l’impasse de la dépendance envers les fournisseurs d’intrants et de débouchés; ils ont pressenti que l’intensification des pratiques les obligeraient à devenir les zélateurs de la monoculture et des agrandissements, qu’elle les séparerait de l’alimentation et de la santé, creusant un fossé entre le producteur et le reste de la société.
Ces pionniers avaient déjà compris que l’agro-écosystème constitue un seul ensemble, où la fertilité du sol, la biodiversité sont profondément reliées, non seulement, à la santé des organismes vivants, mais aussi à l’autonomie du producteur, à l’équité des échanges, à la justice et la solidarité sociale, en somme, aux formes d’organisation du vivre ensemble [1].
Parmi ceux-là, un groupe de savants [2] fonde, en 1964, l’association européenne d’agriculture et d’hygiène biologique Nature et Progrès, indépendante de toute doctrine, idéologie, influence commerciale et esprit de profit, ouverte à toutes les méthodes d’agriculture biologique qui promeut des pratiques culturales préservant le tissu rural et propose la revalorisation du métier de paysan, par le développement des circuits-courts d’approvisionnement local.
Aussi, pour étrange que ça puisse paraître, l’apparition des SPG (Systèmes Participatifs de Garantie) n’est que la fermeture d’une boucle historique qui nous ramène quarante ans en arrière [3]. Pour comprendre leur signification il est nécessaire de repartir du moment où les fondateurs de N&P définissent l’agriculture biologique comme un agro-écosystème complet, dont les éléments sont si profondément entrelacés qu’ils finissent par constituer un projet alternatif de société.